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COP27 en Égypte, COP28 aux Émirats arabes unis…

La conférence pour le climat aux pays du gaz et du pétrole
Avec une COP27 en Egypte, où le gaz est considéré comme une “énergie de transition”, puis une COP28,
l’an prochain, à Dubaï, capitale des Emirats arabes unis, le sommet climat annuel des Nations-Unies
glisse sur la voie des paradoxes…


Certes, l’Égypte a commencé à investir "dans des projets d’énergie renouvelable à grande échelle", constate le CAT, mais ceux-ci restent "moins importants que les investissements dans les énergies fossiles, en particulier le gaz", ajoute-t-il. L’Égypte est en effet le 2e producteur de gaz en Afrique derrière l’Algérie, avec près de 70 milliards de mètres cubes en 2021-2022. Et elle ne compte pas s’arrêter là, le gaz naturel étant pour elle une "énergie de transition". Par exemple, l’Europe compte notamment sur le gaz liquéfié égyptien pour supplanter, à moyen terme, une partie du gaz russe qu’elle importe. Un accord Union européenne – Égypte – Israël a d’ailleurs été signé à cet effet au Caire, en juin dernier.

Augmentation des émissions de CO2 en vue
Sur le territoire égyptien, les émissions de CO2 issues des énergies fossiles sont estimées à 214 millions de tonnes en 2020 par Global Carbon Project, ce qui classe l’Égypte au 28e rang des pays émetteurs, mais avec "seulement" 2,1 tonnes par habitant [2 tonnes équivalent CO2e par an, c’est la quantité de gaz à effet de serre émise par personne dans un monde neutre en CO2, ndlr]. Le CAT estime que la trajectoire envisagée par l’Égypte pour 2030 "entraînerait une augmentation substantielle de ses émissions, d’environ 50 %".

Un objectif correspondant à un réchauffement de +4 °C
L’Égypte fait partie de la vingtaine de pays qui ont renvoyé depuis la COP26 une nouvelle "contribution" à l’ONU. Pour le pays hôte de la COP27, c’est préférable… Mais pour le CAT, il n’y a néanmoins "guère d’amélioration". Les scientifiques considèrent les objectifs et politiques climatiques de l’Egypte comme "très insuffisants". En termes d’émissions de gaz à effet de serre, l’objectif égyptien pour 2030 correspond même "à un réchauffement pouvant atteindre 4°C", estiment-ils.
  
En fait, le plan égyptien ne comprend "pas de cible d’émissions pour l’ensemble de l’économie" (le secteur agricole n’est pas pris en compte, par exemple) et le pays "ne s’engage pas à réduire les émissions", constate le CAT. Ce plan, qui "manque de transparence", est de surcroît conditionné à un soutien international.

Emirats arabes unis : un plan "gravement insuffisant"
Le pays qui accueillera la COP suivante fait-il mieux ? Il s’agit des Emirats arabes unis (EAU), qui sera l’hôte de la conférence dans sa capitale démesurée, Dubaï. Les émissions de CO2 de l’EAU ont été en 2020 de 150 millions de tonnes selon le Global Carbon Project, soit 15 tonnes par habitant. C’est une tonne de plus qu’aux États-Unis. Quant à sa cible 2030, elle est "gravement insuffisante par rapport à la juste part des Emirats arabes unis", indique le CAT. La juste part étant ce que devrait faire ce pays par rapport à ses moyens.

Augmentation de la production de combustibles fossiles
Le comble : ce pays pétrolier est quand même "l’un des rares pays" à avoir soumis à l’ONU "une nouvelle contribution avec un objectif de réduction des émissions renforcé avant la COP27." Pour un pays qui va accueillir la COP suivante, c’est bien joué. Le hic : dans le même temps, les Emirats arabes unis prévoient "une augmentation importante de la production et de la consommation de combustibles fossiles". Actuellement, les Emirats arabes unis sont le 7ème pays producteur de pétrole, avec plus de 3,6 millions de barils par jour, un baril valant 159 litres. Mais on le redira pendant la COP27 : "C’est maintenant qu’il faut agir !"

Source : www.wedemain.fr (07-11-2022)