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Stratégie Zéro Covid !

Appliquée en Nouvelle-Zélande, en Corée du Sud ou encore à Taïwan, la stratégie dite "Zéro Covid", qui vise à éliminer complètement la circulation du virus sur un territoire donné, est-elle envisageable en Europe ? Quelles difficultés d’application poserait-elle au Vieux Continent ? Explications.

La première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern est catégorique : "On avait très vite compris que faire baisser les courbes ne serait pas suffisant", expose-t-elle dans une interview accordée au média allemand DW News publiée à la fin de l’année 2020. Et de se justifier : "[Au début de la pandémie], je me souviens que mon conseiller scientifique m’avait montré un graphique représentant une courbe des contaminations “aplatie” superposée au niveau de nos capacités hospitalières. La première ne serait jamais restée bien longtemps en-dessous du second."

Prémonitoire ? Bientôt un an après la propagation du coronavirus à l’échelle mondiale, force est de constater que la Nouvelle-Zélande réussit en tout cas à vivre quasiment débarrassée du Covid-19. Concerts, rassemblements et cours en présentiel : après un confinement d’un mois décrété fin mars 2020, puis des mesures strictes guidées par un objectif immuable de suppression virale, la vie y suit (presque) normalement son cours depuis l’été dernier. Avec moins de 2 000 cas et 25 décès enregistrés depuis le début de l’année 2020, l’archipel figure d’ailleurs en tête des classements des pays où il fait "bon vivre" en ce moment, aux côtés de Taïwan, de l’Australie ou encore du Vietnam.




La copie néo-zélandaise est-elle parfaite ? Presque : après la détection d’un foyer de contamination de 3 personnes dimanche 14 février, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un confinement à Auckland… pour une durée de trois jours. La première ministre Yacinda Ardern a expliqué que ce "lockdown express" avait été décidé "par précaution, au cas où la souche de virus détectée serait une des plus transmissibles". Reste que de telles proportions – 1,7 million de personnes confinées pour 3 cas – apparaîtront sans doute vertigineuses aux yeux de n’importe quel citoyen européen ou américain. Faut-il y voir la preuve que, même dans les pays les plus triomphants dans leur lutte contre l’épidémie, les risques de résurgence ne sont jamais exclus ? Ou, au contraire, la démonstration en actes que seules des mesures d’anticipation radicales peuvent créer les conditions d’un "retour à la normale" le plus tôt possible ? Chez les scientifiques et les leaders politiques du continent européen, le débat prend de l’ampleur depuis quelques semaines.

C’est notamment le cas en Allemagne, où la chancelière Angela Merkel a récemment annoncé la prolongation jusqu’au 7 mars des mesures de confinement en vigueur dans le pays depuis plusieurs semaines, malgré des indicateurs en nette amélioration depuis plusieurs semaines. Commerces non alimentaires, restaurants, cafés et musées resteront fermés jusqu’à cette date, "compte tenu de l’incertitude concernant la propagation des variants du virus", a précisé Angela Merkel face à la fronde de l’opposition et d’une partie de la société civile. Le gouvernement allemand et les seize chefs d’exécutifs régionaux se sont également mis d’accord pour durcir les critères d’assouplissement pour l’avenir, comme le rapporte l’AFP : désormais, ce n’est qu’à partir du moment où l’incidence sur sept jours ne dépassera pas 35 nouvelles infections pour 100 000 habitants (contre un seuil de 50 jusqu’ici) que l’activité économique et culturelle pourra "revenir à la normale".

Source : Pablo Maillé Usbek & Rica (19-02-2021)